Exploration du flux

À partir de la notion de flux, si employée, si dévoyée dans le grand bavardage, Marina Skalova retrace l´emballement qui a conduit l´Europe à abandonner sa politique d´asile, et ce faisant à renoncer à elle-même, elle qui s’est construite sur l’idée du « plus jamais ça ». Flux migratoires, flux des échanges financiers, flux corporels et flux marins se trouvent tous pris dans le même mouvement – un flux qui nous déborde et dans lequel on pourrait bien un jour se noyer.

Il est difficile de trouver une terre ferme sur laquelle poser ses chaussures. On cherche des mots auxquels se raccrocher. Mais les mots ne sont pas des bouées. Pourtant, les mots de ce livre nous réveillent, et nous rappellent de quoi, jour après jour, nous sommes devenus, souvent malgré nous, les complices. C’est parfois le sens de la littérature : réveiller.

« Notre corps, il n’a pas besoin de la misère des autres, il a déjà assez de manques qui le font souffrir, des manques de fer et des manques de zinc, des manques de minéraux et des manques d’amour, il n’a pas besoin de la guerre des autres, il a déjà des globules rouges et des globules blancs »

Seuil
Date de parution 05/04/2018
80 pages
EAN 9782021394016

Revue de presse

« Crier est une quasi-anagramme d’écrire. C’est là que se tient le livre de Marina Skalova.»
Eleonore Sulser – Le Temps
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« Scroller», «liker», «partager». Nés de la novlangue numérique, ces trois mots sont devenus le quotidien des usagers des réseaux sociaux. Chaque jour nous sommes face à des flux d’informations et d’images non hiérarchisées qui mettent sur le même plan le naufrage des migrants en mer et le baptême du petit dernier. S’emparant de la notion de flux, dévoyée par le grand bavardage global, l’écrivaine et traductrice Marina Skalova montre comment l’Europe a abandonné sa politique d’asile. Après la Seconde Guerre Mondiale, on avait dit «plus jamais ça», «plus jamais, les masses entassées, les barbelés, les camps et les trains». Sous couvert d’une libre circulation des corps, des marchandises et des capitaux, l’Europe est devenue une forteresse aux murs invisibles qui laisse passer l’argent mais rejette les humains en détresse. Les mots cognent, réveillent. Au fil des pages, ils se tarissent, se raréfient, comme gagnés par l’impuissance, laissant la place au vide, à la disparition. Un coup de poing à l’estomac. »
Sophie Joubert – L’Humanité

« D’une prose ample, nette et fluide, dont le ton faussement naïf permet toutes les questions, l’auteure met en résonance flux migratoires, flux corporels, flux d’informations, flux financiers et flux marins. Dans ce mouvement qui abolit les frontières, elle nous met face à nos contradictions de manière très fine, jetant des passerelles entre le corps et le politique. (…) Que restera-t-il de ces mots? Une trace, simplement, une tentative de dire, avant que les vagues ne coupent la parole. Telle est l’humble conclusion de ce grand petit livre. »
Anne Pitteloud – Le Courrier

« Un texte puissant, sonore, rythmé comme la polyphonie d’une pensée inquiète et lucide face à l’émergence d’une Europe forteresse. Les perceptions se bousculent, surgissent dans la langue où les flux migratoires, financiers, numériques, maritimes et corporels s’amalgament. Un texte qui, à force de se maintenir à flot, devient lui-même flux tandis que le sens glisse sur les mots. On y lit surtout une angoisse face au retour des plus sombres heures de l’histoire européenne. »
Thierry Raboud – La Liberté
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«L’énergie qui se dégage dans ce récit salutaire de Marina Skalova, captant toutes les contradictions que nous vivons, quand nous passons de l’empathie à la fatigue, et vice versa, dans cette opposition entre ceux qui ont le pouvoir, mais disent qu’ils ne peuvent rien faire et ceux qui se trouvent démunis, impuissants avec l’énergie de vouloir tout faire. (…) Témoigner, dire, dénoncer, analyser, trouver du sens et des moyens d’agir – juste avant de disparaître dans le blanc troué des pages que l’on n’arrive plus à remplir, car tout a été dit, répété, radoté…»
Martin Rass – Diacritik
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«Par une observation étymologique, le texte semble puiser sa force dans la colère et surtout le désarroi face à la situation. Il y a quelque chose de magique dans cette énergie de l’auteure à mener, avec les seuls mots, un combat contre la malhonnêteté humaniste de l’Europe. On ressent à la lecture de ce texte la férocité de l’abattement qui peut tout arrêter.»
Adrien Meignan – Addict-culture
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«Le livre contient le flux. Un texte en tension maximale, par l’observation des « migrants » depuis le langage (ou du langage depuis les « migrants » ; car ce texte telle une folle machine, spirale son lecteur). Deux flux au moins en regard oblique : celui des êtres, celui des informations. La forme livre, enserrant la spirale, compactant les entrelacs, est un nouveau détonateur, pour ce texte phénoménal, incroyablement agi, agité, agissant.»
Guenaël Boutouillet – Remue.net

«Vlan! Une claque. Soixante pages, rien que ça, aussi féroces que cocasses. Soixante pages pour dire l’exil, le monde tel qu’il tourne si mal. Soixante pages suffisent à Marina Skalova pour nous envoyer nos aveuglements au coin de l’oeil.»
Martine Laval pour Siné Mensuel
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TV : Exploration du flux dans l’émission “Un livre, un jour” d’Olivier Barrot sur France 3
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Radio:
Entretien avec Linn Levy pour l’émission Vertigo sur la Radio Télévision Suisse (RTS)
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Entretien avec Anik Schuin pour l’émission Versus-Lire sur la Radio Télévision Suisse (RTS)
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